Quelle que soit la direction d’où l’on arrive, la silhouette de Loudun se détache dans le ciel. Cette colline sur laquelle fut implantée la ville, constituait un poste d’observation et de défense évident. C’est pourquoi l’homme très tôt s’y implanta. L’origine du nom de la ville serait même un témoignage de cette position stratégique, la colline fortifiée « dun » vouée au Dieu « Lug » : « Loudun »
En remontant la rue du Martray
Des fouilles archéologiques menées sur la colline de Loudun ont révélé une présence humaine depuis le paléolithique. Le site fut occupé sans discontinuité jusqu'à la fin du Moyen Age. Les Celtes y établirent vraisemblablement un lieu de culte dédié au dieu Lug et un solide oppidum, comme l'atteste le toponyme " Dun " désignant systématiquement un retranchement fortifié. Lugdunum fut renforcé par les Romains sans doute après les premiers raids germaniques du dernier quart du IIIe siècle, avant d'être définitivement emporté dans la tourmente des invasions barbares. Un atelier monétaire survécut cependant à l'époque mérovingienne, frappant des pièces aux noms d'éminents personnages locaux dont seuls nous restent les patronymes : Sigismond, Seudulf, Bonicius.
La longue période médiévale, marquée par le Christianisme et la féodalité va inscrire « Loudun » dans un carrefour aux confins de trois provinces : le Poitou, l’Anjou, la Touraine. De ce fait Loudun se trouvera au cœur même des conflits entre Comtes d’Anjou et Ducs d’Aquitaine, mais aussi, par ces seigneurs de provinces, entre la Couronne de France et le Royaume d’Angleterre durant les guerres de Cent Ans.
Loudun faisait partie intégrante de l'immense empire Plantagenêt, jusqu'à sa prise par le roi de France Philippe Auguste en 1206. Le Capétien ceintura la ville d'une nouvelle muraille et renforça considérablement le château. Il y bâtit notamment l'une de ces grosses tours maîtresses qui marquaient généralement son empreinte sur une cité.
Au XVIIème siècle les châteaux forts se modifient et de somptueuses demeures enrichissent la ville. Ce calme et cette prospérité vont durer jusqu’à l’établissement du protestantisme qui fait de nombreux adeptes dans notre région. Catholiques et Protestants vont s’entredéchirer. Ce conflit fut à l’origine du démantèlement de la forteresse de Loudun.
En dépit de ces heurts, la ville prospère et au début du XVIème siècle elle compte environ 10 000 habitants dont plusieurs sont célébre : Isaac de Razilly qui sera avec Menou d’Aulnay à l’origine de la fondation de l’Acadie ; Ismaël Bouilliau, astronome, le poète Scévole de Sainte-Marthe qui a créé un salon littéraire et enfin Théophraste Renaudot dont la maison natale est aménagée en musée afin de faire connaître son oeuvre de journaliste et de médecin.
Loudun va connaître une dure épreuve avec l’ordre signé par Louis XIII de démolir le château en 1628, et que son Premier ministre, le Cardinal de Richelieu fera exécuter au-delà même du désir royal, puisque la conservation du donjon ne sera pas respectée. La vie de la cité sera marquée par un important procès dans la même période. Sur fonds politico-religieux, un prêtre de Loudun, accusé de sorcellerie (supp), Urbain Grandier, va périr sur le bûcher le 18 août 1634. Il était accusé d’avoir ensorcelé les religieuses du couvent des Ursulines.
Avec le démantèlement de la forteresse et la révocation de l’Edit de Nantes qui entraîne le départ des Protestants va commencer le déclin de la cité.
A la Révolution des monastères sont pillés ainsi que les églises.
Réduite à moins de 5000 habitants au siècle dernier, elle retrouvera la prospérité grâce à la richesse des campagnes qui l’entourent et dans la seconde moitié du XIXème siècle elle connaîtra un regain d’activité avec l’implantation des voies ferrées.
Au XXème siècle une autre affaire défraiera la chronique : il s’agit du procès de Marie Besnard accusée d’avoir empoisonné plusieurs membres de sa famille : en 1962 elle fut finalement acquittée au bénéfice du doute.
L’ancienne cité médiévale s’efforce de conserver ses richesses naturelles et architecturales en les restaurant et les transformant en lieux culturels comme la Collégiale Sainte-Croix, où fut condamné Urbain Grandier.